EnR : photovoltaïque dans les forêts de production, un rendez-vous manqué

17 décembre 2022

Le projet de loi visant à accélérer le déploiement des Energies Renouvelables qui vient d’être étudié à l’Assemblée interdit le développement de constructions et d’installations de production d’électricité dans les zones forestières lorsqu’elles nécessitent un défrichement. Je partage bien entendu ce principe, notamment pour protéger nos forêts naturelles qui sont des puits de carbone essentiels.

Mais au moment où nous travaillons pour accélérer le déploiement des EnR, interdire des installations possibles il y a 10 ans m’interroge. Car oui, les installations photovoltaïques dans des forêts de production existent déjà, comme en témoigne la centrale de 250 Ha pour 300 MW installée à Cestas ! Ici, nous parlons de forêts de production de pins maritimes. Elles ne sont pas constituées d’arbres centenaires ou protégés : leur but est l’exploitation de la filière bois. Ce sont des sites d’exploitation intensive construits sur un système de rotation allant de 30 à 40 ans.

La biodiversité, si importante, est peu présente dans ces forêts tandis que l’artificialisation des sols de ces parcs solaires est réduite au minimum (essentiellement pour le raccordement et le matériel incendie).

Les amendements que j’ai déposés visaient à préciser la notion de zones forestières à protéger en y ajoutant « hors forêts de production » pour permettre à certains projets photovoltaïques de se réaliser sur une surface totale limitée.

Malheureusement, et je le déplore, ces derniers ont été rejetés. Autoriser l’installation de production d’électricité à base de panneaux voltaïques dans ces forêts de production représentait, à mon sens, un bon moyen de parvenir aux objectifs fixés par le gouvernement de 100 GW de puissance photovoltaïque pour 2050, et à plus court terme 20 GW pour 2023 (dans 1 an !!), tout en ne concernant qu’un pourcentage infime des forêts françaises.
Alors que la capacité installée actuellement n’est que d’environ 10 GW, nous n’atteindrons pas ces objectifs uniquement avec des installations de panneaux en toitures, sur des friches ou sur des parkings. Et ceci m’a été confirmé par les spécialistes de la DREAL et de RTE consultés en préparation à ce texte.

En tant que législateur, il est de notre responsabilité de mettre en balance l’éventuel impact négatif sur la biodiversité de l’installation de parcs photovoltaiques avec l’impact de notre inertie dans la mise en œuvre de solutions efficaces pour contrer les effets du dérèglement climatique. Avec cet article ainsi rédigé, je crains que notre inertie l’emporte au détriment du climat et de la biodiversité que cet article entend protéger et nous éloigne de notre indépendance énergétique.