Alors qu’il y a quelques mois, le Conseil d’Orientation des Retraites affirmait, à tort, que le régime général des retraites ne risquait pas d’être déséquilibré et que le report de l’âge légal de départ à la retraite n’était pas utile, il fait le constat à peu
près inverse dans son étude parue ce jeudi 22 juin.
Comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises, la réforme des retraites, bien que difficile à mener, était nécessaire pour la préservation de notre système de retraites mais incomplète à la fois sur le plan social et sur le plan financier.
Sur le plan financier, je regrette que cette réforme n’engendre pas plus d’économies que ce qu’elle devrait. Le problème reste donc entier comme le confirme le rapport du COR.
Je regrette également que le texte n’accorde pas une place plus importante au dialogue social, qu’il ne développe pas davantage de dispositifs ouvrant la voie à une évolution de carrière pour les métiers pénibles, ou que la transmission des savoirs au sein de l’entreprise ne soit pas renforcée.
Je regrette également que les dispositions que j’ai essayé de porter n’aient pas pu être retenues : parmi elles, le fait que les salariés ayant subi un accident de trajet (entre leur domicile et leur travail) disposent, tout comme les salariés ayant subi un accident de travail, d’une retraite anticipée. Également, alors que les associations reconnues d’utilité publique manquent de reconnaissance et connaissent un essoufflement global, il me paraît pertinent de récompenser les membres donnant de leur temps dans le bureau de ces dernières afin de reconnaître le caractère utile de leur dévouement. Ainsi, je déplore que le texte ne permette pas à une personne qui a consacré dix ans au sein du bureau d’une même association de bénéficier de l’attribution d’un trimestre supplémentaire.
Cependant, avec mon groupe, nous avons également permis des avancées importantes. La prise en compte des périodes de congé maternité dans le calcul de la retraite, et ce dès le 1er septembre 2023 pour toutes les futures retraitées ainsi que l’instauration d’une mutualisation des coûts liés aux maladies professionnelles qui se déclenchent avec un effet différé, afin d’inciter les entreprises à embaucher des seniors, tout comme la clause de revoyure, en sont des exemples.
Je crois profondément que le problème originel reste la pénibilité, la qualité de vie et le cadre de vie au travail en France. C’est cet élément qui est ressorti de mes nombreuses consultations. Nous devons donc travailler afin de mener des discutions concrètes et d’établir des mesures afin de redonner un sens au travail, d’accompagner vers l’emploi ceux qui en sont éloignés ou qui sont en reconversion, de mieux prendre en compte la pénibilité au travail et la gestion des fins de carrière, de poursuivre nos efforts pour que le travail paie.
La réforme des retraités étant définitivement adoptée, il convient désormais, pour chacun, de retrouver le chemin des négociations. Le gouvernement doit tenir compte des leçons de la période écoulée. En effet, il est essentiel que les partenaires sociaux soient davantage associés au pilotage du régime général des retraites, à l’instar de leur implication dans la gestion d’AGIRC-ARCCO.